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Photo du rédacteurVallès Latry

La 8e édition du festival du film black de Montréal

Les archives de Nationsoleil | Cinéma | Publié le 19 septembre 2012


Hier soir, 19 septembre 2012, Sonia Benezra, porte-parole de l'événement, a donné le coup d'envoi de la 8e édition du Festival International du Film Black de Montréal. Nous sommes à mille lieux des trois films haïtiens projetés sur une fin de semaine en 2005.


Bien que le défunt festival du film haïtien ait pu susciter une certaine effervescence dans le milieu des cinéphiles Haïtiens, les productions haïtiennes elles, n'ont pas su soutenir la cadence.


Changer de vocation ou sombrer, tel fut le défi auquel le festival avait eu à faire face en 2010 lorsque les organisateurs ont décidé d'investir le créneau du cinéma Black, jusque-là laissé vacant dans la métropole québécoise.

Pour cette 3e édition en tant que festival du film Black, 115 films provenant d'une quarantaine de pays, 12 jours de festival, une demi-douzaine de lieux de projection dont le Cinéma impérial pour les cérémonies d'ouverture et de clôture et le cinéma du Parc qui accueille l'essentiel des projections.


Un festival sans vedette?


L'un des reproches le plus souvent formulés envers ce festival est l'absence quasi-chronique de vedettes. Ou alors, celles qui se prêtent au jeu sont de trop petite envergure, et peinent à attirer les foules. Un tapis rouge sans vedette tire plutôt sur le gris pâle.

Faute de vedettes donc, les organisateurs ont tenté, au moins depuis le changement de vocation, de s'appuyer sur une programmation bien étoffée, qui touche aux principaux enjeux vécus par et dans le monde Black: drogue, prostitution, pauvreté, injustice, violence. Enjeux qui adressent des problématiques plutôt graves qui intéressent un public restreint, spécialisé, de chercheurs, de militants, d'intervenants communautaires, d'étudiants, mais qui excluent le grand public qui cherche l'évasion, un sentiment de commodité.


Le festival peine à remplir ce mandat inclusif qu'il s'est imposé à ses débuts en espérant servir de pont entre les cultures et les communautés. La star system québécois francophone n'embarque pas. Plus souvent remarqués dans d'autres événements dits communautaires, tels le Festival du monde arabe, les Nuits et Vues d'Afrique, ils boudent le festival du film black. Au fil des ans, le festival a pris des galons mais amorce simultanément un virage de plus en plus affirmé vers la communauté anglophone de Montréal, surtout avec la collaboration du réseau de télévision Global qui présente l'événement depuis deux ans.


Et vlan… Harry Belafonte à Montréal


Parlant de galons et de prestige, les organisateurs du Festival, ont frappé cette année un véritable court-circuit en attirant à Montréal pour lui décerner un prix humanitaire, le premier du genre, à l’immense Harry Belafonte. Ce prix récompense l’activiste politique, le militant des droits civiques qui a combattu aux côtés du Dr King lui-même, mais également l'acteur et l'artiste de renommée mondiale, l’un des premiers à avoir fusionné les rythmes proprement nord-américains avec des rythmes du monde notamment africains et latins. Harry Belafonte restera dans le cœur des Haïtiens comme celui qui a popularisé Choucoune (Ti zwazo) sous le titre anglais de Yellow Bird (1957), véritable hymne en Haïti, composition de Michel Mauleart Monton sur des paroles du poète Oswald Durand.

Pour compléter l’hommage, Sing your song, film documentaire biographique de Susanne Rostock est présenté ce soir à l’université Concordia, en présence de Monsieur Belafonte.


Winnie, le film


Winnie qui met en vedette l'artiste et actrice l'oscarisée Jennifer Hudson et l'acteur Terrence Howard, a été présenté en ouverture de festival en présence du réalisateur Darrell Roodt. Ce film adapté de la biographie de Winnie Mandela: A Life by Anne Marie du Preez Bezrob résume la vie de Winnie Madikileza-Mandela. Un film bouleversant d'une rare réalité qui suscite l'inconfort tant par son contenu que les circonstances dans lesquelles il a vu le jour. Les propos de Mme Mandela sont révélateurs:« Je n’ai rien contre Jennifer, mais j’ai tout contre ce film. On ne m’a pas consulté. Je suis toujours en vie ! Je crois que c’est un manque total de respect, que de venir comme ça en Afrique du Sud, faire un film sur mon combat et appeler ça la vie romantique de Winnie Mandela. C’est une insulte. Il n’y avait rien de romantique dans mon combat».


Tout de même. Femme-courage, femme de conviction, militante de la première heure dans un monde régulé par les hommes et qui a su jouer un rôle de premier plan dans l'émancipation de ses paires et dans l érection d'une société égalitaire en Afrique du sud. Femme controversée qui a connu quelques égarements et dont l'image est ternie pour n'avoir pas su se munir d'une cuillère plus longue pour diner avec le diable. Et Femme trahie qui a fait les frais d'une politique de bien paraître où les leaders politiques, ceux de la transition et leurs successeurs, s'embrassaient à bouche-que-veux-tu pour laisser éclore la nouvelle Afrique du Sud… Le reste est de l'histoire.


Le festival du Film Black se poursuit jusqu'au 30 septembre 2012. Consulter la programmation.


Vallès Latry




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