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Adelina - GM connection : Chanson créole empreinte d’élégance et d’éclats sonores

  • Photo du rédacteur: Vallès Latry
    Vallès Latry
  • 24 août
  • 3 min de lecture

Par Vallès Latry

Extrait de Adelina (Album You and I - GM connection - Mini Records (1980)

ADELINA, ce n’est pas une chanson : c’est une ivresse, une clairière de sons où la cadence créole se pare d’étoffes rares. Dès les premières notes, on entre dans un jardin suspendu entre ciel et mer, où chaque instrument est une fleur qui s’ouvre et embaume. Fred Paul, fin dénicheur de merveilles, voulait l’élégance : il a trouvé la grâce.


Le morceau déploie son corps comme une danseuse des Grandes Antilles, élancée, aérienne, insolente de beauté. Dix minutes durant, il respire, palpite, se métamorphose. Deux minutes seulement sont offertes au chant — celles de Jean-Musset Dascy, épaulé par les chœurs d’Evans Lespinasse — puis la musique, souveraine, prend les rênes. Les cordes en nylon caressées par Mario Mayala, la souplesse des violons, les cuivres incisifs, tout s’entrelace comme dans un ballet où se rencontrent la musique de chambre, le jazz et les fièvres latines. Ici, le compas se fait prince, drapé de brocarts classiques et d’étincelles funky.


Dernst Emile, maître d’œuvre et alchimiste, a dirigé cette constellation avec l’ardeur d’un visionnaire. Lui, le guitariste devenu arrangeur d’élite à New York, rêvait de dresser des arches classiques au-dessus du compas — Fred Paul lui a donné carte blanche, et l’on entend la liberté vibrer dans chaque mesure.


À ses côtés, Gérard Daniel, saxophone au souffle tendre et fougueux, pose sa signature d’émotion. De sa bouche s’élève l’ostinato insolite, murmuré d’abord, puis gravé comme un sortilège dans la trame musicale. Son solo — La Douce Qui Vient — est une flèche de miel et de feu, l’instant suspendu où ADELINA devient immortelle.


Mario Mayala, rieur compagnon des aventures SHLEU-SHLEU et SKAH-SHAH, s’avance avec une guitare classique aux cordes en nylon, simple mais bouleversante, qu’il effleure du bout des doigts. C’est presque une première dans ce royaume de musiques dansantes, et quelle première : son timbre clair agit comme une source fraîche dans la chaleur du rythme.


Marco Ciceron, à la batterie, entraîne l’ensemble d’un battement joyeux et ferme. Et pour la première fois, un quartet à cordes vient déposer sa dentelle sonore dans cette fête créole. Tout cela tisse une atmosphère d’élégance nouvelle, où le populaire épouse le savant sans jamais perdre sa pulsation dansante.


Et puis il y a le récit, secret et poignant : celui d’un chanteur blessé par l’absence de l’aimée. ADELINA, figure de femme insaisissable, mystérieuse et fatale, s’esquive sans cesse.


Ainsi résonne ADELINA : une œuvre où la nostalgie se mêle à la fête, où l’innovation embrasse la tradition, où chaque note semble dire que la musique créole, quand elle ose, peut atteindre la noblesse des plus hautes cimes.


Une constellation musicale

Derrière l’élégance et l’innovation sonore d’ADELINA, il y a une équipe de musiciens passionnés, chacun apportant sa couleur et sa sensibilité. Voici ceux qui ont donné vie à ce joyau de la musique créole :

🎷 Les souffleurs d’émotion

  • Gérard Daniel – Saxophone, Chœur : soliste sensible et lyrique, à l’origine de l’ostinato emblématique.

  • Eddy Palermo – Saxophone

  • Rick Davies – Trombone

  • Anderson Cameau – Trompette

  • Chris Anderson – Trompette

🎤 Les voix et les chœurs

  • Jean-Musset Dascy – Chant principal, intense et poignant.

  • Evans Lespinasse – Chœurs, apportant profondeur et chaleur à l’ensemble.

🎸 Les cordes qui dansent

  • Joseph Mario Mayala – Guitare classique aux cordes en nylon, jouée aux doigts, une touche d’originalité rare.

  • Leslie Lavelanet – Guitare basse, le socle rythmique.

🥁 Les maîtres du rythme

  • Jean-Max Ciceron – Batterie, moteur entraînant de l’ensemble.

  • Fritz Bernard Frédéric – Cloche, pulsation essentielle du compas.

🎹 Les harmonies

  • Jean Alcindor – Claviers, nappes mélodiques et soutien harmonique.



Sources : Ralph Boncy, La chanson d’Haïti (Tome 1). Musique Haiti - Emmanuel Mirtil


 
 
 

1 commentaire


fanfoot2
25 août

Un texte magnifique qui rend justice à l’élégance et à la profondeur d’Adelina, un tube qui traverse le temps avec grâce. On ressent presque la musique en lisant ces lignes

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